Avant d'attaquer la seconde semaine nous bénéficions de deux jours de repos, qui nous permettent d'aller faire une petite rando d'un peu plus de 20 km. J'ai l'occasion de rencontrer le responsable technique de la villa pour échanger avec lui, nous allons nous baigner dans les rivières fraîches de la vallée et nous pouvons nous reposer dans le lodge tout en buvant un thé avec du miel particulièrement succulent.
Puis au matin du 3ème jour nous regardons vers l'ouest... montons dans les pick-ups et 1h30 de chemin (chemin ou seul un vrai pick-up ou 4x4 peut s'aventurer) plus tard nous sommes déposés au milieu de nulle part.
Daniel arrive, c'est le guardaparque de ce secteur, et un spécialiste des hemules. Il est venu avec sa femme et son fils. Nous apprendrons énormément de lui, sur la faune et la flore du parc. C'est quelqu'un d'admirable, environ la cinquantaine, il vit presque 300 jours par an coupé du monde.
La première chose qu'il nous apprendra est lié à notre objectif de la semaine, couper des pins. 
Ces pins on été introduits par l'homme en Patagonie et certaines graines, portées par le vent, arrivent dans le parc. Ces pins ont une très forte consommation en eau, ce qui pose problème aux autres plantes endémiques.
Ce travaille m'éclate : crapahuter en montagne pour trouver des pins et les couper, dans un décor fabuleux, j'ai une énergie folle. Je me lève donc de bonne heure pour mettre l'eau à chauffer pour le petit dej´, et me couche avec les étoiles pour profiter de ce ciel magnifique et surtout pour profiter de ces moments sans tabanos !!! Ce sont les taons locaux, et ils sont en très nette supériorité numérique, ils m'insupportent au plus au point !!! Ils apparaissent avec les premières chaleurs de la journée et ne disparaissent que le soir ou si la journée est ventée !!!
Mais je trouve de nombreuses compensations, entre autres de nombreux fruits à manger tout au long de la journée, de la fraise au calafate en passant par les murtillas et autres groseilles ! En plus d'être bons ces fruits sont gorgés d'eau et les journées sont vraiment chaudes ici. Il ne faudra pas longtemps pour que je fasse des adeptes du : "mange tout ce que tu trouves, c'est du sucre et de l'eau".
Le deuxième et troisième jours j'ai la chance de voir des Hemules. Ces cervidés emblématiques du Chili ne sont plus très nombreux et sont très surveillés dans le parc. Les deux fois, une trentaine de mètres à peine nous séparent d'eux !!!
Et pour couronner ce tableau nous sommes à quelques kilomètres d'un lac fantastique, ce qui nous offrira des vues magnifiques. Le lac est immense, mais trop loin du campement pour aller s'y rafraîchir en fin de journée.
Le ravitaillement en œufs arrive dans la semaine, mais le chemin chaotique a fait des victimes... Tant pis nous mangerons des crêpes !!!
Mais les jours passent et après une dernière journée plus qu'épique et difficile pour Matthias et moi (je pense qu'il n'est pas près de suivre de nouveau un français en montagne) il faut rendre les scies, abandonner les haches, dire au revoir à Daniel et à sa tronçonneuse (pour les arbres particulièrement imposants, ou pour se frayer un chemin à travers une végétation trop garnie) et démonter les tentes.
Les pick-ups arrivent et nous ramènent à la villa pour une dernière soirée.
Nous faisons un point sur le bénévolat puis nous nous retrouvons pour un verre de vin tous ensemble avant de déguster un fameux asado de cordero. Nous occuperons le bar du restaurant jusqu'à minuit en refaisant le monde, et finirons à l'extérieur après la coupure de l'électricité. Petit à petit chacun s'en va.
Pour une dernière fois je me lève de bonne heure, pour mettre l'eau à chauffer et cuisiner des œufs brouillés. Il y a un départ à 7h et un à 7h30... Seule Juanita reste un peu plus longtemps... mais retourne se coucher après les dernières embrassades et promesses de se voir le long de mon voyage ou après, au Chili, aux États-Unis, en Angleterre ou en Suède...
Me voilà seul, je suis rentré dans le parc à pied et c'est de la même manière que j'ai décidé d'en sortir. Pour réapprendre à profiter d'avoir le temps après ces 20 jours à fond.
Mon sac est prêt et je me mets en marche. Je passe la villa sans croiser un seul visage familier. Après un heure de marche j'aperçois un pick-up en face de moi qui s'arrête à ma hauteur. Franco est au volant ; Kathy, qui manquait à la séance des adieux, sort pour me prendre dans ses bras. Je suis content de pouvoir lui dire au revoir, elle nous a beaucoup appris durant le séjour, c'est grâce à elle que je sais faire des sopaipillas et des pansitos maintenant.
Elle remonte, Diego me jette une orange "pour la route", et je les regarde partir. Je me remets en route le cœur léger, content de ce dernier échange, une petite brise se lève dans mon dos, comme une invitation du parc à m'en aller !!!
Ça y est me voilà de nouveau sur la fameuse route 7, la Carretera Australe, et c'est en compagnie de deux renards que je lève le pouce vers le nord !!! Je ne le sais pas encore mais les deux jours à venir vont me plonger plus profondément dans le Chili et ses traditions...
Un pick-up s'arrête, je jette mon sac à l'arrière, et ouvre la porte à une nouvelle aventure !!!

Muchas gracias a todos por este momento:
Kathy, Benjamín, Juanita, Diego, Mathias, Diana, Theresa, Nick, Nico, Delfina, Adam, Ina, Sebastián, Paula, Franco, Macca y Christian.